Décider de s’endetter pour payer ses études supérieures peut être l’une des décisions les plus importantes de votre vie. Ce n’est pas simplement signer un contrat et espérer que tout se passe bien : il s’agit de comprendre si cette dette deviendra un investissement intelligent ou un fardeau qui vous suivra pendant des années.

La réponse courte ? Ça dépend. Cela dépend de ce que vous allez étudier, du coût total, de vos revenus futurs et des alternatives disponibles. Bonne nouvelle : nous allons décortiquer tout cela pour que vous puissiez prendre une décision éclairée.

💰 Le véritable coût des études

Commençons par l'évidence : l'université coûte cher. Très cher. Et les prix grimpent presque chaque année.

Une formation dans une université privée réputée peut coûter des sommes importantes par semestre. Multipliez par 10 semestres (5 ans) et vous parlez de montants considérables uniquement pour les frais de scolarité. Sans compter les livres, le transport, le matériel, l'alimentation et toutes ces « petites » dépenses qui explosent rapidement.

Les universités publiques sont plus abordables, mais la concurrence y est féroce. Et même si les droits d’inscription sont plus faibles, les coûts associés demeurent : le temps consacré aux études plutôt qu’au travail représente aussi un coût d’opportunité.

Le poids réel de la dette étudiante

Quand vous contractez un crédit éducatif, vous n’empruntez pas seulement le montant de la scolarité. Vous vous engagez à rembourser :

  • Le capital emprunté
  • Les intérêts accumulés pendant des années
  • Les frais administratifs
  • Le coût d’opportunité de cet argent

Un prêt avec un capital donné à 12 % annuel sur 10 ans finit par coûter près de 1,6 fois le montant initial. Presque le double du capital de départ. Ces intérêts supplémentaires auraient pu devenir l'apport de votre appartement ou le capital de démarrage de votre entreprise.

🎯 Quand s’endetter peut être une bonne idée

Toutes les dettes étudiantes ne sont pas mauvaises. Dans certains cas, emprunter pour étudier est l’un des meilleurs investissements que vous puissiez faire.

Des filières à fort retour sur investissement

Soyons réalistes : toutes les carrières ne se valent pas. Si vous étudiez la médecine, l’ingénierie logicielle, l’ingénierie pétrolière ou le droit dans une université reconnue, les chances de rentabiliser votre investissement sont élevées.

Un médecin spécialiste peut gagner des revenus substantiels une fois établi. Un ingénieur logiciel senior dans une multinationale peut dépasser ces niveaux. Avec de tels salaires, rembourser une dette importante sur 10 ans est exigeant, mais faisable.

La clé : faire vos calculs avant de signer. Renseignez-vous sur le salaire moyen dans votre domaine pendant les cinq premières années. Si ce revenu vous permet de vivre correctement et de rembourser la dette, foncez.

Quand le diplôme est incontournable

Certaines professions exigent un diplôme universitaire. Impossible de devenir chirurgien avec un simple MOOC. Vous ne pouvez pas exercer comme avocat sans diplôme de droit. Pas de titre d’architecte sans diplôme officiel.

Si votre vocation impose ce diplôme, la question n’est plus « est-ce que ça vaut le coup ? » mais « comment le faire intelligemment ? ».

Quand vous avez un plan clair et réaliste

S’endetter fait sens quand ce n’est pas un saut dans l’inconnu. Si vous savez précisément :

  • Ce que vous allez étudier
  • Où vous comptez travailler ensuite
  • Combien vous gagnerez à peu près
  • Comment vous rembourserez le prêt
  • Ce que vous ferez si les choses se passent mal

…alors vous prenez une décision informée, pas un risque aveugle.

🚫 Quand il vaut mieux dire non

Aussi crucial : savoir quand refuser un crédit étudiant.

Étudier par pression sociale

Si vous allez à l’université parce que « c’est ce qu’il faut faire », parce que vos parents insistent ou parce que tous vos amis y vont, stop. S’endetter par pression sociale, c’est le meilleur moyen de vous retrouver avec une grosse dette et un diplôme qui ne vous passionne pas.

Filières aux débouchés incertains

Soyons francs. Certains cursus offrent peu de débouchés et des salaires relativement faibles. Si les diplômés gagnent des montants modestes, s'endetter massivement est un suicide financier.

Les sciences humaines, les arts ou certaines sciences sociales ont souvent du mal sur le marché. Cela ne veut pas dire qu’elles n’ont aucune valeur, mais l’équation financière n’est pas la même. Si votre futur salaire ne couvre même pas vos dépenses de base et la mensualité du prêt, c’est une mauvaise affaire.

Quand vous n’avez aucune idée de ce que vous voulez étudier

Emprunter l’équivalent d’un appartement de luxe pour « voir » ce qui vous plaît est une très mauvaise idée. Si vous êtes incertain, testez d’abord des alternatives moins coûteuses : formations courtes, écoles techniques, stages, bénévolat. Une fois votre projet clarifié, décidez.

Conditions de prêt abusives

Des taux élevés, des frais partout, des assurances imposées, des calendriers rigides… Si la banque complique excessivement les choses, attendez-vous à ce que ce soit à votre détriment.

Déjà très endetté

Si vous jonglez déjà avec des cartes de crédit, des prêts personnels ou que vous soutenez votre famille, ajouter une dette étudiante à six chiffres peut tout faire basculer. Les dettes s’accumulent vite. Connaissez vos limites.

🧠 Alternatives à explorer avant d’emprunter

Le crédit n’est pas la seule façon de financer ses études. Voici des options qui peuvent réduire drastiquement, voire éliminer, le besoin de s’endetter.

Bourses et financements partiels

Avant de couvrir 100 % de vos frais par un prêt, cherchez :

  • Bourses au mérite proposées par les universités
  • Bourses sportives ou artistiques si vous avez un talent particulier
  • Programmes gouvernementaux nationaux ou régionaux
  • Bourses d’entreprises privées en échange d’un engagement professionnel
  • Programmes d’échange qui subventionnent une partie de vos études

Une bourse de 50 % divise votre dette par deux. Cela semble évident, mais beaucoup d’étudiants n’en font même pas la demande.

Étudier et travailler

Oui, c’est épuisant. Oui, cela rallonge vos études. Mais travailler à temps partiel pendant vos études peut réduire fortement le montant à emprunter.

Gagner un revenu partiel en travaillant 20 h par semaine peut accumuler une somme substantielle sur cinq ans—de quoi financer une partie importante de vos études.

De nombreuses entreprises proposent aussi des plans d’éducation continue en lien avec votre travail. Un avantage précieux.

Commencer dans le public ou le technique

Stratégie méconnue : suivez vos premières années (matières de base) dans une université publique ou un institut technique abordable, puis transférez vos crédits vers l’université plus chère pour les cours spécialisés.

Vous réduisez nettement les coûts tout en obtenant le diplôme prestigieux. Toutes les universités ne l’acceptent pas, mais beaucoup oui—renseignez-vous.

Formations plus courtes ou intensives

Avez-vous vraiment besoin d’un cursus de cinq ans ? Dans de nombreux domaines technologiques, des bootcamps ou programmes intensifs peuvent vous rendre employable en quelques mois pour une fraction du prix.

Développement logiciel, UX/UI, data, marketing digital… Ces filières offrent des parcours alternatifs beaucoup plus abordables et vous mettent au travail en moins d'un an.

Ce n’est pas pour tout le monde ni pour toutes les carrières, mais si votre objectif est d’être employable rapidement, considérez ces options.

💡 Les facteurs à peser avant de décider

Votre situation familiale

Si vos parents peuvent financer une partie des frais, l’équation change. Mais attention : ce n’est pas parce qu’ils peuvent qu’ils doivent sacrifier leur retraite ou s’endetter pour vous.

Ayez des conversations franches sur ce qu’ils peuvent réellement assumer sans compromettre leur propre sécurité.

Le secteur professionnel visé

Certains secteurs valorisent davantage l’expérience que le diplôme. Dans la tech par exemple, un portfolio solide peut compter plus qu’un diplôme coûteux. En médecine, c’est l’inverse.

Parlez à des professionnels établis. Demandez-leur : « Si c’était à refaire, vous endetteriez-vous de nouveau pour votre diplôme ? »

Votre tolérance au risque

Certaines personnes gèrent bien le stress d’une grosse dette, d’autres en perdent le sommeil. Connaissez-vous.

Si devoir une somme importante vous paralyse d'angoisse, cette dette affectera vos études, votre santé mentale et vos choix futurs.

Vos projets de vie

Envie d’avoir des enfants rapidement ? De voyager ? D’entreprendre ? Une grosse dette étudiante limitera votre flexibilité pendant des années.

Si votre trajectoire est un poste stable en entreprise, rembourser une dette est plus simple. Si vous rêvez d’entrepreneuriat ou de freelance à revenus variables, un paiement mensuel élevé peut être un réel problème.

🔄 La voie alternative : apprendre sans université

Osons la provocation : vous n’avez pas besoin d’un diplôme universitaire pour tout.

Professions où le diplôme compte moins

Dans la tech, le design, l’écriture, le marketing digital, le trading, l’entrepreneuriat ou de nombreux métiers spécialisés, on valorise surtout vos résultats et votre portfolio, pas le nom inscrit sur votre diplôme.

Mark Zuckerberg, Steve Jobs ou Bill Gates ont quitté l’université. Pas parce qu’elle ne sert à rien, mais parce que dans leur cas, elle n’était pas indispensable.

Non, nous ne deviendrons pas tous le prochain Jobs, mais la leçon est claire : questionnez la nécessité réelle du diplôme pour vos objectifs.

Des alternatives de qualité

Aujourd’hui, les options abondent :

  • Cours en ligne certifiants (Coursera, edX, Platzi…)
  • Bootcamps intensifs (programmation, design, data)
  • Apprentissage autodidacte structuré (YouTube, livres, projets)
  • Mentorat et apprentissage auprès de professionnels

L'éducation formelle a de la valeur, surtout pour le réseau et la structure. Mais ce n'est pas l'unique voie—et elle ne vaut pas toujours un endettement massif.

🎯 La checklist finale

Après toute cette analyse, passez cette checklist au crible :

Questions à se poser honnêtement

  1. Pourquoi je veux étudier ça ? (Si la réponse est « je ne sais pas » ou « parce qu’il le faut », attendez.)
  2. Combien gagnent les pros de cette filière ? (Cherchez des données réelles, pas des promesses.)
  3. Quel est le coût total ? (Incluez les intérêts, pas seulement la scolarité.)
  4. Combien d’années de remboursement ? (Soyez réaliste.)
  5. Existe-t-il des options moins chères ? (Public, bourses, cursus plus courts.)
  6. Que se passe-t-il si je ne trouve pas de travail tout de suite ? (Prévoyez un plan B.)
  7. Puis-je vivre avec cette dette pendant 10 ans ? (Pensez qualité de vie.)

Faites les chiffres

Sur Excel ou papier, calculez :

  • Coût mensuel pendant les études
  • Dette totale à la fin
  • Mensualité de remboursement
  • Salaire de départ attendu
  • Salaire estimé à 5 ans
  • Ce qui vous reste après la dette, le loyer, la nourriture, les services

Si après les dépenses essentielles il vous reste très peu de marge, vous allez vivre sous tension pendant longtemps.

Parlez avec des pros

Consultez :

  • Des diplômés récents (moins de 3 ans)
  • Un conseiller financier pour structurer la dette
  • Des professeurs ou mentors de votre domaine
  • Vos parents ou tuteurs pour un soutien réaliste

✨ Conclusion : cela dépend de vous

S’endetter pour ses études peut être le meilleur investissement de votre vie… ou l’erreur la plus coûteuse. La différence se joue dans la recherche, la planification et la conscience de votre décision.

Endettez-vous si :

  • La filière a une forte employabilité et de bons salaires
  • Le calcul de rentabilité est positif
  • Vous avez un plan de remboursement clair
  • Vous avez exploré les financements partiels
  • Vous comprenez et acceptez l’engagement

N’empruntez pas si :

  • C’est par pression sociale
  • Les chiffres ne tiennent pas
  • Des options moins chères répondent à vos besoins
  • Vous hésitez sur votre orientation
  • L’idée même de la dette vous provoque une angoisse paralysante

Souvenez-vous : l’éducation est inestimable, mais la dette est bien réelle. Vous pouvez vous former de multiples façons. Choisissez celle qui respecte votre situation, vos objectifs et votre tranquillité d’esprit.

Votre futur « vous » compte sur les décisions que vous prenez aujourd’hui.

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